Extrait de l'article d'Edouard LAUNET paru sur le site de Libération le jeudi 23 septembre 2004
  http://www.liberation.fr/page.php?Article=240667
(...) Lundi, à 20 h 15, heure française, deux navires chargés de 140 kg de plutonium de qualité militaire (de quoi fabriquer plus de vingt bombes atomiques) sont partis de Charleston, en Caroline-du-Sud. (...)
(...) Ce programme américain, baptisé «Mox for Peace», consiste à convertir en combustible pour centrales nucléaires pas moins de 34 tonnes de plutonium extrait de missiles américains de la guerre froide. Histoire d'être sûr qu'il ne resservira plus. Coût total : 1,6 milliard d'euros. La transformation se fera aux Etats-Unis, dans une usine qui sera construite par Areva et ses associés américains.
Mais, avant, l'autorité de sûreté nucléaire américaine aimerait bien voir comment va se comporter ce supercombustible dans un réacteur nucléaire. Et pour essayer il faut une première «recharge», que les Etats-Unis ne sont pas encore en mesure de produire, mais qu'Areva est capable de réaliser dans ses installations de Cadarache. D'où cette expédition transatlantique de plutonium, qui se poursuivra par un convoi routier de Cherbourg jusqu'à Cadarache (plus de 800 km).
(...) L'organisation écologiste (Greenpeace) trouve stupide qu'on balade ainsi du plutonium militaire dans un monde si incertain, alors qu'il suffirait, pour le neutraliser, de le noyer dans des déchets nucléaires très actifs (on n'en manque pas). A Cadarache, la fabrication du supercombustible, mélange de plutonium et d'uranium appauvri appelé Mox, prendra quatre mois. Après quoi il sera retourné par bateau sous forme de quatre assemblages destinés au réacteur de Catawba (Caroline-du-Sud), exploité par l'électricien Duke Power. Les tests pourraient commencer au printemps 2005. Si Areva, via sa filiale Cogema, a déjà produit beaucoup de Mox à partir de plutonium «civil» (provenant du retraitement des combustibles usés), elle n'en a jamais réalisé à partir de plutonium militaire, plus réactif car contenant plus d'isotopes fissiles.
A noter que cette opération sera effectuée dans un atelier fermé à toute production industrielle depuis juillet 2003 sur décision de l'autorité de sûreté nucléaire française (pour raison sismique). Areva plaide que la fabrication de ces deux tonnes de Mox supplémentaires n'est en rien une «production industrielle»... (...) |